D’être et d’avoir été

(Texte publié le 25 août 2020) Tu étais peut-être cet enfant caché derrière un soupirail, témoin brisé de scènes de feu, de sang, et, tu le sauras plus tard en ton âme éprouvée, témoin d’une renaissance. Tu étais peut-être ce garçon embusqué sous la tonnelle d’un tabac, frappant en plein cœur et à coups de poudre les derniers Boches du Fbrg. Tu étais peut-être ce … Continuer de lire D’être et d’avoir été

Huitième lettre : « Je vous adresse des lettres pour vous parler d’un pays comme on parlerait d’amour. »

Mon cher ami, Tandis que certains virent fleurir le printemps dans l’interstice d’un volet clos, n’ayant pour soleil qu’une lampe allumée, que verrons-nous à présent de cet hiver qui abandonne déjà ses parures automnales en regardant passer le fiacre morbide des cas damnés… ? L’automne s’inclinait hier dans les allées de ce cimetière, caressant parfois les noms effacés au grand dam du souvenir, bannis de cette … Continuer de lire Huitième lettre : « Je vous adresse des lettres pour vous parler d’un pays comme on parlerait d’amour. »

Septième lettre : « Je ne veux pas d’un pouvoir sans autorité, ni d’une autorité sans pouvoir. »

Mon cher ami, Craindre la seconde vague, craindre pour sa vie, craindre pour son travail, craindre pour ses proches, craindre le manque, craindre la solitude, craindre la pénurie… Craindre de ne pas être capable d’affronter ce temps qu’on nous dérobe, craindre de le perdre à ne pas savoir qu’en faire, craindre d’en oublier la notion et craindre, à force de le haïr, de ne plus … Continuer de lire Septième lettre : « Je ne veux pas d’un pouvoir sans autorité, ni d’une autorité sans pouvoir. »

Sixième lettre : « Ces caricatures révèlent à elles seules notre pauvreté spirituelle »

Mon cher ami, Je ne comprends pas pourquoi certaines plumes s’évertuent à vouloir inscrire la « liberté de blasphème » aux « valeurs de la République »… Ni comment attribuer au crime un délit d’opinion. Je ne comprends pas plus l’orchestration de ce procès fait au divin, comme si l’origine des attentats venait d’en haut alors qu’ils ne sont que le fruit pourri de nos intentions. Dieu m’apparaît bien … Continuer de lire Sixième lettre : « Ces caricatures révèlent à elles seules notre pauvreté spirituelle »

Cinquième lettre : « Ce ne sont pas des bougies qui rallumeront le monde. »

Mon cher ami, Ma plume s’enflamme depuis hier. Elle devient crue, depuis l’égorgement de ce professeur d’histoire, à Conflans-Sainte-Honorine. Je crois que certains n’ont pas encore très bien compris que le problème ne relève pas de la liberté d’expression. Que la guerre des crayons de couleur contre les kalachnikovs, ça fait joli sur le papier mais ce n’est, là encore, qu’une façon déloyale de travestir … Continuer de lire Cinquième lettre : « Ce ne sont pas des bougies qui rallumeront le monde. »

Quatrième lettre : « Quand la religion de la République ne répond plus, il faut se tourner vers plus grand. »

Mon cher ami, J’éprouve ce soir une drôle de sensation… Quelque chose d’obscur, de glaçant, à mi-chemin entre la crainte et la colère. On appelle ça, me semble-t-il, le « sentiment d’insécurité ». Il vous fait l’effet d’une lame affûtée qui vous glisse sous le menton, et qui choisit finalement d’en décapiter un autre. Je crois que tout le monde peut se radicaliser. C’est une question d’éducation … Continuer de lire Quatrième lettre : « Quand la religion de la République ne répond plus, il faut se tourner vers plus grand. »

Troisième lettre : « Qu’il est difficile d’aimer la France… »

Mon cher ami, Qu’il est difficile d’aimer la France. C’est un amour défendu, je m’en rends compte, clandestin, marginal. Un peu insolent, un peu hiératique. Un amour charnel aussi, qui use les semelles et qui écorche le cœur. Un amour romanesque qui transforme les parfums en poèmes et décline les mots en fleurs. Un si grand amour qui se quitte à Paris et se disperse … Continuer de lire Troisième lettre : « Qu’il est difficile d’aimer la France… »

Deuxième lettre : « On a voulu multiplier les patries comme on a multiplié les dieux. »

Mon cher ami, J’ai pris le train de 8h32 pour Rennes, jouissant d’un rare privilège auprès d’un contrôleur qui, au lieu me mettre à l’amende pour une option impayée, m’a finalement aidée à placer mon vélo clandestin entre deux voitures. Avec ce vieux routier, j’inspire souvent plus de compassion que d’admiration. Je me suis ensuite élancée sur des petites routes, à travers prés et villages, … Continuer de lire Deuxième lettre : « On a voulu multiplier les patries comme on a multiplié les dieux. »

Première lettre : « La France, sans rêve, n’est qu’un corps apathique. »

Mon cher ami, Vous m’interrogiez sur le sens de mes émerveillements, de mes souffrances et de ma quête… Laissez-moi vous répondre par ces lignes que m’ont inspirée la St Maurice célébrée dans mon village la semaine dernière, tordant le cou à la situation sanitaire et au découragement complaisant. J’y ai rencontré l’une de nos doyennes. Elle portait un masque en collier, un long gilet de … Continuer de lire Première lettre : « La France, sans rêve, n’est qu’un corps apathique. »

Journal de Bord – Arromanches

C’était sur un coup de tête.Un besoin d’émotion. Au dernier moment, un billet de train au départ de St Lazare, à destination de Bayeux, pour voir. Pour sentir. Quand la rage de se souvenir ne supporte plus la crainte de l’oubli, ni ne désamorce la culpabilité de vivre. Je veux dire, librement. Ça a commencé à la Cour de Rome, rue Pasquier, suspendue à l’anse … Continuer de lire Journal de Bord – Arromanches