Je suis en retard

Je suis en retard. Vous m’avez tirée d’une énième dépravation nauséeuse, de ces moments obscurs où tout se mélange, où tout s’abandonne, où la solitude écrase la moindre envie et révèle toutes les culpabilités entassées dans un cœur trop faible… Ce petit coeur que je croyais aride tant il aime mal, tant il aime peu. Mais vous m’avez sauvée de cette hébétude par un message, par un vulgaire texto cacheté de quatre mots : « Je suis resté exprès. » Une façon plus ou moins légère de dire : « Je suis resté pour vous. » Mais, dans ma naïveté amoureuse, ce fut comme entendre : « Je vous aime. »

Alors j’ai accouru. J’ai tout lâché. J’ai quitté cette petite mort, sous une pluie glacée, dans un accoutrement ridicule, trop inquiète de vous perdre si je ne répondais pas à cet appel, qui me semble à chaque fois être le dernier. J’ai brûlé tous les feux. Tous. Et en arrivant au pied de cet immeuble austère, je n’étais pas essoufflée. Mais ce cœur aride, lui, battait à tout rompre. Et j’ai reconnu cet embrasement d’un soir d’été, d’un soir lointain, d’un instant audacieux où, sous un ciel souverain, vous eûtes la tendresse de me demander : « Vous n’avez pas peur de vous brûler ? »

« Non… »

J’ai brûlé de mille feux.

Maud Koffler

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