« Tout est pourri partout, il faut se battre pour faire de belles choses… » N’allez pas croire que le journalisme ne brasse que de misérables grateurs de chéquiers, de plumes acerbes taillées dans l’os d’un confrère sans talent, de rats de salons dorés, de syndicalistes analphabètes, de poètes maudits, d’aigrefins reconvertis, de stagiaires torturés, de censeurs, d’insensibles et d’insensés, et autres chantres de cette éternelle déontologie chassée par la satire (ça rapporte).
Non, les trafics d’intérêts, les réseaux d’influence, la corruption, le chantage, la manipulation, le mensonge, le compromis et la calomnie ne gangrènent pas systématiquement les rédactions parisiennes. Non, les journalistes ne sont pas toujours formés à l’école du mépris, pas plus qu’ils ne sortiraient tous de celle du mérite. La profession n’échappe pas à ses ingratitudes, mais elle ne s’y résume heureusement pas non plus.
Pourtant… Combien furent-ils, ces rêveurs, ces naïfs, ces curieux, portant un regard neuf sur le monde, aspirant à faire triompher la vérité, à vaincre la rumeur d’un revers de plume… Combien furent-ils à courir après ces Illusions perdues, vendues aux plus offrants, travesties en billets, en renoncements et en débauches ?
Tout s’achète. D’une critique littéraire à l’âme d’un poète incrédule. Et dans cette formidable adaptation de l’œuvre de Balzac, le narrateur nous conduit à l’abîme, au naufrage spirituel, professionnel et sentimental d’un jeune homme ravagé par la corruption, victime de la guerre des opinions et tiraillé entre deux notions vertigineuses : la sincérité et la vérité.
C’est alors que se posent les questions de loyauté (envers ses lecteurs), de constance (dans ses convictions) et, inévitablement, d’honnêteté (envers soi-même)… Peut-on objectivement être libre et journaliste à la fois ? Peut-on choisir d’informer le lecteur sans sombrer dans la flatterie des opinions ? Ne vaut-il mieux pas souffrir de lutter contre la corruption plutôt que de souffrir en succombant à toute sorte d’influence ? Peut-on échapper au destin de gratte-papier de rentier et s’enchaîner à son devoir de journaliste ?
Sous la plume de Balzac, un bon journaliste moderne est un journaliste craint, un polémiste sans nuance, une sorte de bourreau lettré. Pour lui, « le journaliste est une pensée en marche comme un soldat en guerre ».
Le film s’achève avec ces mots, sans doute puisés au fond d’un encrier : « Je pense à ceux qui doivent trouver en eux quelque chose après le désenchantement. »
Maud Koffler

Je suis en train de lire votre petit livre Lettres de France. Ce sont des pages de haute volée où transparait un coeur aventureux qui possède ce don quasi hors du commun par les temps qui courent : le don littéraire. Autrement dit, l’art de dire les choses comme nul autre ne peut le dire. Vous écrivez à la lumière » d’un commandement gravé dans le coeur d’une française que le désespoir n’a pas encore tuée « . C’est le signe que vous n’avez pas envie de vous dérober à l’arme des mots qui dit l’être des choses et ressaisit la vie. Je pense qu’une revue comme Livr’arbitres à laquelle je suis abonné (ils ont un site internet) accueillerait favorablement votre prose si singulière. Gardez le cap. Et bien sur, et surtout, vive la France reconquise.
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