[Poème] Matin d’ivresse

Vous brûlez, mon ami.

D’un brasier trop impur,

De passions infertiles

Et d’Alcools versifiés.

Si votre âme vous quitte,

Vous gisez sans armure,

Coutumier imbécile,

Des matins de regrets.

Vous aimez, mon ami.

D’un amour imprudent.

Vous goûtez aux dangers

Pour y mourir enfin.

Si votre cœur s’incline,

Et tutoie le néant,

Laissez-moi vous porter,

Même mal, même en vain.

Vous mourez, mon ami.

Repu d’encre et d’absinthe.

Le passé vous emporte

Et l’enfer vous réclame.

Pour vous garder en vie,

Je voudrais vous étreindre,

Condamner cette porte

Et défendre votre âme.

Vous riez : « À quoi bon ? »

Dans ce monde ignorant,

De fossoyeurs infâmes

Il faut mourir, et vite.

Consumer les passions,

Faire la belle au temps,

Et s’enivrer de larmes,

Pour oublier sa fuite.

Mais s’enfuir, et demain ?

Ne trouver en l’exil

Qu’un mirage futile.

Se corrompre sans peine

Et trinquer au déclin.

Mais songez dans vos nuits,

Aux confins des abîmes,

Qu’une femme vous aime.

Maud Koffler

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