Chère enfant,
J’aimerais ne jamais oublier cet instant où tandis que nos regards hébétés s’échappaient vers les ogives, toi, si petite, si fragile, si belle, tu t’inclinais devant ce vide immense, les yeux tournés vers l’Invisible, vers ce bon Dieu aux vœux insondables, muré dans le silence et drapé de lourdes pierres, qui semblait pourtant te reconnaître et te répondre. J’aimerais ne jamais oublier cet éclat de foi qu’on n’aurait un jour imaginé voir jaillir d’un si petit cœur lorsque, seule, tu pénétras dans la chapelle de la Vierge Marie pour y déposer un cierge et t’asseoir au chevet de son enfant, peut-être pour le consoler de son vain sacrifice. J’aimerais ne jamais oublier ton regard, enfin, que tu m’adressas naturellement sous ces arcades, dans un halo de lumière, ferme, grave, indigné peut-être, comme un regard martyr, avant de te recueillir ici, devant ce mausolée.
Tiens en ton cœur ma misérable part de prière : pourvu que Lui non plus, n’oublie jamais.
M.

