Récit. Sur le perron de l’église Saint Roch, des bérets foisonnent. Rouges, verts, bleus… Ce sont les derniers Africains. Les paras, les légionnaires, les combattants d’une autre guerre. A l’intérieur, l’église est déjà pleine. Mais ceux-là attendent un autre compagnon, premier de cordée et dernier grognard, « Borniol » comme ils l’appelaient au 1er REP, Jean-Marie Le Pen. Lorsqu’il apparaît au pied de l’édifice, menhir au cœur bien lourd, coiffé de son béret vert, le vieux soldat est applaudi. Quelques instants plus tard, le corps de son camarade, Roger Holeindre, entre dans la nef. Un chant sacré s’élève et les regards s’embuent. Le drapeau tricolore recouvre son cercueil. Jean-Marie le Pen est assis au premier rang, les yeux clos.
A ses côtés, il y a bien-sûr Jany, Marion Maréchal et Bruno Gollnish. Plus loin, des membres du Parti de la France et du Rassemblement National, des Jean-Yves le Gallou, Carl Lang, Martial Bild, Christian Piquemal, Nicolas Bay… et un certain Lorrain de Saint Affrique, plus discret, assis dans l’un des transepts. Le gratin de la droite dure qui n’a jamais baissé son MAT 49. L’office est célébré selon le rite tridentin par le Père Jean-Paul Argouarc’h, de la communauté de Riaumont. Dans le même ton, une dizaine de porte-drapeaux quitteront leurs stalles pour former une haie d’honneur devant l’église. En attendant, la Prière du Para retentit en son choeur. Une bouffée de traditions.
Pendant la communion, je retrouve le chauffeur de Jean-Marie le Pen, l’un de ses gardes du corps, un journaliste de Présent et quelques anciens combattants sur le parvis. Certains jugent l’absence de Marine peu stratégique, quand d’autres assurent avoir aperçu Jordan Bardella dans une alcôve. Lorrain de Saint Affrique descend les marches, clope au bec, et me raconte en quelques anecdotes l’épopée Holeindre. Le ténor de l’Assemblée. Le front algérien, le Front national. Puis, Jean-Marie le Pen réapparaît, soutenu par ses amis. Il m’accorde quelques mots, évoquant son « frère d’armes et d’esprit » avec une voix brisée. Les lourdes portes s’ouvrent enfin. Pour cet ultime hommage, ses camarades entonnent le Chant des Africains, la Cavalcade et la Marseillaise. Jean-Marie le Pen chante avec eux depuis sa voiture. Le cortège s’éloigne enfin. La chaussée est rendue aux passants et la parenthèse se referme. Ou presque. Bérets rouges, vestes en cuir, cigarillos et pin’s FN : « On va boire un coup, maintenant ? »
Maud PROTAT-KOFFLER
