(…) « J’ai failli mourir d’une septicémie. » Il se dit aujourd’hui en convalescence. Jean-Marie Le Pen vit au milieu de nombreux livres, la conscience tranquille, l’esprit vif et la mémoire infrangible. Il ne regrette rien, ou peut-être de ne pas avoir toujours été compris. Il se souvient de tout, y compris de Fanchon dont il me sert le premier couplet suivi de son refrain à boire. On ne pouvait pas se quitter sans chanson. « Voilà, vous avez vu le monstre. On vous demandera : tu es venu chez lui ? il t’a reçu ? tu n’avais pas peur ? C’est un monstre gentil ! » Il rit encore. Marin pêcheur de chalutier, mineur de fond, légionnaire parachutiste… « Je n’ai pas fait carrière, j’ai avancé en marchant. Ce sont les événements qui font beaucoup plus que les destins, que les projets eux-mêmes. Je pense que j’aurais pu être un grand avocat, encore qu’il y a des servitudes que je ne supporte pas : se présenter à 13h pour passer à 18h ou 19h, c’est insupportable ! » Si tout était à refaire ? La question ne se pose pas. Jean-Marie Le Pen a marqué l’histoire de notre pays. Ceux qui l’écrivent en feront ce qu’ils veulent, pourvu qu’ils ne cèdent pas la plume aux caricaturistes. « Au regard des galaxies, qu’est-ce que nous sommes ? Vous avez vu notre galaxie ? C’est une parmi des milliards. C’est passionnant, ça… Mais l’homme né de la femme a une vie brève. »
L’homme né de la femme! Sa vie est courte, sans cesse agitée.
Il naît, il est coupé comme une fleur; Il fuit et disparaît comme une ombre.
Et c’est sur lui que tu as l’oeil ouvert! Et tu me fais aller en justice avec toi!
Comment d’un être souillé sortira-t-il un homme pur? Il n’en peut sortir aucun.
Si ses jours sont fixés, si tu as compté ses mois, Si tu en as marqué le terme qu’il ne saurait franchir,
Détourne de lui les regards, et donne-lui du relâche, Pour qu’il ait au moins la joie du mercenaire à la fin de sa journée.
Un arbre a de l’espérance: Quand on le coupe, il repousse, Il produit encore des rejetons;
Quand sa racine a vieilli dans la terre, Quand son tronc meurt dans la poussière,
Il reverdit à l’approche de l’eau, Il pousse des branches comme une jeune plante.
Mais l’homme meurt, et il perd sa force; L’homme expire, et où est-il?
Les eaux des lacs s’évanouissent, Les fleuves tarissent et se dessèchent;
Ainsi l’homme se couche et ne se relèvera plus, Il ne se réveillera pas tant que les cieux subsisteront, Il ne sortira pas de son sommeil.
JOB 14
« Profitez de vos 20 ans. Vivez la vie. Vous allez peut-être voir des choses difficiles. L’essentiel est d’être en bonne relation avec sa conscience, avec son cœur. » En ce qui le concerne, c’est acquis.
Maud PROTAT-KOFFLER
