Entretien (2) Jean-Marie Le Pen : « Le temps nous est compté »

PHOTO : GELEBART/20 MINUTES/SIPA

(…) Après s’être réinstallé, Jean-Marie Le Pen reprend sur un ton morne : « Nous allons être la proie d’un déferlement démographique étranger, dynamisé par une religion conquérante qui est l’Islam. Les chiffres sont terrifiants. La population mondiale est passée en 50 ans de 3 à 8 milliards en expansion continue. » En Algérie, le nombre d’habitants est aujourd’hui de 46 millions, contre 8 millions à l’époque. Cette explosion démographique se situe essentiellement en Afrique et en Asie et pourrait selon lui être à l’origine d’une « misère épouvantable, source de conflits intérieurs violents, de guerres civiles qui les feront déferler chez nous. » Confus de me dévoiler un tel scénario catastrophe, Jean-Marie Le Pen me prend par la main en souriant et poursuit en missionnaire repu : « Je vous dois la vérité… ma vérité. » Il n’émet pas l’ombre d’un sentiment fantasmatique dans l’esprit d’une conquête électorale ou de n’importe quelle autre séduction politique. Sur le ring médiatique, Jean-Marie Le Pen a raccroché les gants. Il castagne à la Dettinger, clandestinement, en ne s’attribuant aucune faveur. A quoi pense-t-il ? A l’heure des mémoires, le monstre arguant le déclin national ne dégage pas plus de fougue que de regret. Ni hargne, ni grandiloquence, ni scepticisme. Pour conclure avec le sujet démographique, il émet enfin l’hypothèse d’une issue fatale : une épidémie qui emporterait 5 milliards d’humains ou, plus probablement, un conflit nucléaire. « Mais dans ce cas, il est possible que ce soit la fin du monde. » Fin du court-métrage, Jany entre dans le bureau. Le tragédien l’annonce solennellement : « Madame Le Pen. »

« Vous avez eu quelque chose à boire ? Un verre d’eau, une limonade ? », introduit-elle avant de se tourner vers son époux. Elle vient de s’entretenir par téléphone avec Elisabeth de l’Escale, une généalogiste, laquelle lui aurait appris que l’un de ses ancêtres ayant été magistrat au 18ème siècle fut guillotiné à la Révolution… « Le pauvre ! », plaisante-t-elle. « Apparemment, il est né à Lorient lui aussi, donc je suis vraiment bretonne ! » C’est un bon point. Elle s’éloigne, toujours amusée, et referme la porte.

Maud PROTAT-KOFFLER

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