Philippe Duley réécrit Montmartre

Lecture. Des Abbesses aux Martyrs, de Balzac à Bizet, de pavés en peintures, de cloîtres en troquets… Philippe Duley se situe dans ce tourbillon légendaire, entre Truffaut, qui ne l’a jamais quitté, et Michou qui ne le quittera jamais. Les destins se croisent, les siècles se confondent et les légendes résistent aux tumultes du présent. Dans cette course folle, le verbe s’est fait pierre ; ici, la Butte se gravit par paliers d’histoires.

c_9791090119628-9791090119628_1« Je ne respire bien qu’à Montmartre », préface Michou. Philippe Duley l’a rencontré entre La Marmotte et Le Petit Café. « Témoin de ces hauteurs », le roi du cabaret appartient aux murs comme les jupons au French cancan. C’est un roman, lui aussi. La Goulue, Toulouse-Lautrec, Proust, Van Gogh… Tous respirent encore dans ce Montmartre boudé par le temps où l’on ne concourt qu’au(x) plaisir(s). Accoutumés de l’ivresse, artisans de lettres, peintres, philosophes, musiciens, paroliers… de leur bohème natale aux tables cérébrales, rien ne les distingue vraiment.

Bien-sûr, les écrivains s’y pressent et l’on s’enivre à l’encrier ; Montmartre soigne ses vignes littéraires.  Et ses librairies ne manqueront sûrement jamais d’ouvrages anecdotiques. Mais Philippe Duley n’appartient ni aux prétentieux, ni aux consommateurs. Pas de flafla biographique, pas de tourisme testamentaire. Le regard insouciant d’un homme fasciné par cette vie rocambolesque, d’un « doux rêveur », garant épistolier d’âmes fantasques. « Ce n’est pas une vue de l’esprit, c’est une certitude, celle d’être privilégié, celle d’en être, d’être une tribu, et de mériter un voyage en terre inconnue. »

Maud PROTAT-KOFFLER

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