« On est à côté de la plaque »

Parole aux Français. Mardi 27 novembre, Champs-Elysées, 14h. Les ouvriers sont à l’oeuvre depuis dimanche matin. Ils repavent, retapent, réparent sans rechigner. La révolution, ça fait des dégâts. Les commerçants en ont payé les frais et la note est parfois sévère. Alors, pour ne pas contredire le peuple (parisien, essentiellement), donnons-leur la parole :

Françoise, 62 ans, sans profession (levalloisienne)

Je ne soutiens pas ce mouvement du « chacun pour soi. » C’est purement égoïste de bloquer les gens qui veulent travailler. Je comprends l’agacement des gens de province pour qui la vie est parfois difficile, mais la solidarité est à sens unique : quand Paris était bloqué à cause des cheminots, personne n’est venu de la campagne pour protester. Le ras-le-bol est général mais les réactions sont individuelles.

Stéphanie, 38 ans, commerçante (isséenne)

Les 8 représentant des « gilets jaunes » ne seront jamais considérés comme des porteurs de voix valides. Je comprends la grogne, elle n’est pas ciblée, c’est un ras-le-bol général des gens qui ne sont pas écoutés. En revanche, je ne m’y associe pas. Je mettrai mon gilet quand le mouvement redeviendra pacifique. Pour l’instant, on est à côté de la plaque. Ça ne sert à rien de tout bloquer, ce n’est pas le bon combat, nous sommes tous dans le même sac.

Martine, 70 ans, retraitée (parisienne)

J’avais entendu un « gilet jaune » dire que ce qui l’intéressait, ce n’était pas la fin du monde mais la fin du mois. Il est exactement là le problème ! Emmanuel Macron nous parle d’avenir écologique, de grands projets à grande échelle, mais ce n’est pas ce qui intéresse les Français surtaxés. Ils se fichent de savoir si la France sera au premier rang de tel ou tel accord, tant qu’ils n’auront assez de pâtes pour nourri leurs enfants chaque soir ! Moi, je suis retraitée, donc je ne m’attends pas à une évolution. Mais au départ, le mouvement partait bien ; maintenant, ça dure, le message n’est plus aussi net.

Nicolas, 25 ans, étudiant (parisien)

Les politiques découvrent qu’il y a un pouvoir de la rue. C’est bien qu’il y ait du monde pour pousser le gouvernement à se remettre en cause. On a tendance à dire du mal du populisme mais ça me paraît être le seul moyen efficace. En revanche, je suis contre le blocage du bon ordre public, ça n’avance à rien.

Christophe, 53 ans, DRH (parisien)

Si les politiciens sortaient un peu de leurs forteresses, peut-être que les « gilets jaunes » lèveraient le pied sur leurs actions. On devrait même arrêter de les appeler par leur signe distinctif, il s’agit des Français. Tout le monde s’y retrouve, dans un sens. Quelle que soit l’échelle de nos problèmes, on se sent tous matraqués fiscalement.

Maud PROTAT-KOFFLER

 

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