Affaire Benalla : panique de basse-cour

Réaction. On y va tous de notre petit commentaire ou de notre gros coup de gueule sur l’affaire Benalla. Mais j’ai l’impression que dans ce tourbillon de consternations et de règlements de comptes, le recul manque terriblement.
Les uns proclament la déchéance du roi, les autres hurlent au complot, à l’exagération, à l’abrutissement médiatique, et pour l’instant, la commission d’enquête, même contestée par une poignée de Français jamais contents, fait apparemment son travail.

Hier, Emmanuelle Ménard est venue nous rencontrer devant l’Assemblée Nationale pour nous expliquer le fonctionnement interne de cette commission. Les députés LREM obéissent aux ordres du grand Maître et, dans l’hémicycle, acclament Collomb debout, « sa sénilissime », en bons parlementaires du peuple. Tout semble tourner en extase autour d’Emmanuel Macron, résistant de forteresse.
Ce qui m’inquiète, ce n’est pas tant ce qu’il se passe entre les murs de cette assemblée. C’est ce qu’il y a dehors. Et d’une meurtrière élyséenne, on ne voit pas grand chose.

Les Français sont fatigués qu’on leur mente. On parle de dictature pour employer les gros mots, de manipulation pour employer les bons mots. Ah ça, on est fort pour tomber dans le romantisme des beaux discours de campagne. On est fort aussi pour organiser de belles manifestations et finir en pleurs dans un coin de caniveau. On se dit qu’on prendrait bien la Bastille une seconde fois puis on se couche en avalant sa pastille pour crise de foie. On s’excite tout seul devant son écran en inventant de nouveaux slogans, en se découvrant un don inné pour le montage photo et la propagande à deux balles. La mythomanie est notre seconde patrie.

Mais dehors, il y a aussi ces espèces de milices qui n’attendent que ça, la surchauffe des esprits. Emmanuel Macron est un monarque et le peuple de France n’aime plus trop ça. Pour une fois, il aurait dû faire du Mitterrand. Fermer sa gueule et régler ça radicalement. Mais quand l’égo l’emporte…la tête vacille et la coupe du monde macronien verse ses derniers déboires.

Tout le monde se demande d’où sort Alexandre Benalla. On répondra pour faire court : de la cuisse de Jupiter. Comment a-t-il accédé à la cour et au coeur du roi ? Pourquoi est-il aussi protégé ? Comment les plus hautes instances de la République ont-elles pu être mises à bas en si peu de temps ? Rendons-nous bien compte que désormais, la police, la gendarmerie, l’Etat et ses représentants ne sont plus dignes de confiance. Mais les vacances arrivent, c’est bientôt fini.

Maud PROTAT-KOFFLER

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