Réaction. Ils s’approprient la victoire du multiculturalisme, ils s’enchantent à l’idée qu’une équipe multicolore remporte la coupe du monde… Vous avez dit « Black, Blanc, Beur » ?
Bleu, Blanc, Rouge. Voilà la France qui remontait hier la plus folle avenue du monde. Le patriotisme sans effort, la fierté populaire, l’improvisation joyeuse d’une liesse extraordinaire. On hurlait à plein cœur l’hymne guerrier tant décrié, drapeaux hissés et poings brandis vers un ciel chargé de fumigènes tricolores. Bleu, blanc, rouge. On se découvrait patriote d’un soir, d’une victoire, d’une éternité peut-être… Une marée française destinée à rompre les idéaux bien encrés dans les esprits bobos qui réduisent encore le jeu de balle à de la poudre de perlimpinpin… Poudre à feu prenant, brûlant toutes les querelles radicales pour ne laisser qu’un feu de gloire. La France est une grande nation qui a le droit – que dis-je -, le devoir de briller sur certains fronts qui font aussi notre histoire. 1998. Qui peut prétendre n’avoir rien ressenti en vivant ou en revoyant ces instants incroyables de ferveur sportive et citoyenne. Bleu, Blanc, Rouge. Pas une couleur de plus. Le pavé a grondé, et Dieu sait combien ce pavé a connu de liesses. On se décharge du joug communautariste des partis politique à l’affût des moindres récupérations. Le drapeau n’appartient qu’à la France, de même qu’il ne se travestit pas en torchon européen. Les seules étoiles que l’on arborait hier, c’étaient celles d’un deuxième espoir.
On entendra volontiers les nécessiteux de rendre à la France ce qui est à la France, et à Noël le Graët ce qui est à Noël Le Graët. Un jeu ne peut prétendre ériger son fanion victorieux en exploit héroïque. Mais il n’est pas non plus interdit de constater que la France refoulait jusqu’alors une immense charge de patriotisme. A ceux qui pensaient voir des fidèles fanatiques réunis autour d’un sport, hier, on se réunissait autour d’un drapeau. « Allez les Bleus », oui, mais « Vive la France », surtout. « Qui ne saute pas n’est pas Français » retentissait comme un véritable appel à la rébellion des vraies fiertés, pas celles auxquelles ont voue tous les cultes, toutes les couleurs et tous les genres. Sonnez, bonnes nouvelles ! La France a mille visages teintés de trois couleurs : bleu, blanc, rouge ! Nous l’avons vu hier, nous le reverrons demain.
Il fallait voir ces scooters des cités s’ameuter à la Concorde et s’exclure eux-mêmes avec leurs drapeaux algériens. Ils ont fait la fête entre eux, tant mieux. Il n’est pas question de tolérance. On célèbre la France, ici, pas de quartiers ! Il fallait voir, aussi, ces touristes américains, japonais, irlandais qui demandaient aux plus colorés (de maquillage) un selfie pour l’Histoire. L’inattendu frappait partout. Il fallait entendre, encore, cette Marseillaise braillée mais convaincante, assumée et, quelque part, libérée. Il fallait y être. Oublier les revendications malsaines de quelques désabusés des pires heures du football, reconnaître l’évidente maîtrise de nos joueurs et se tenir confiants face à l’avenir.
« C’est grâce à la diversité de notre équipe. » Foutaises. C’est grâce à cette unité enviée. A cette intégration, quelque part. Peut-on seulement reconnaître la prestigieuse formation individuelle et collective française ? Rendez à la France ce qui est à la France. Sommation avant dimanche.
Maud PROTAT-KOFFLER
