Laetitia Hallyday : le bûcher populaire

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Si Johnny était encore des nôtres, il renfilerait son blouson noir pour détartrer quelque gueules et rétablir l’honneur de son épouse. On l’imagine très bien sur scène, droit dans ses santiags, régler ses comptes dans un fracas d’amour et d’hystérie. Il enchaîne avec Ma Gueule et termine en bras d’honneur, transpirant d’amour avec l’envie de tout détruire. Mais Laetitia est seule.

« La lapidation des tweets » prend des proportions impensables. Devenu « avocat de la veuve noire », le biographe Pascal Louvrier n’en est pas non plus épargné. Depuis quelques jours, il poursuit la tournée des plateaux télévisés avec une assurance grandissante et des arguments qui s’affermissent. Coup de comm’ ? Non ! Coups de poing et insultes par centaines. Il faut avoir le cuir solide lorsqu’on défend la prévenue du peuple. « Laetitia ne lâchera pas du tout », il en est persuadé.

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Laetitia vivait à l’ombre des tempêtes médiatiques. Décrite comme une « mante religieuse » par Charlie Hebdo, elle était pourtant celle qui avait réussi à établir un équilibre dans la vie du rockeur. Combien de fois l’a-t-elle sauvé de ses sombres désirs ? A quel prix a-t-elle choisi de supporter ses déboires, ses excès, son corps meurtri et le poids de son succès ? Comment vit-on lorsqu’on s’appelle Hallyday ? Qui doit-on croire lorsqu’on assiste, témoins déconcertés, à cette mascarade jouant de morale et de mensonges ? Tandis que Laura et David s’apitoient sur leur sort, stimulant la presse et provoquant l’hystérie populaire, Laetitia réapprend à vivre. Elle sait très bien que la moindre sortie sera un tollé. Johnny lui a tout appris.

Tout cela est malsain. Celle que l’on affuble de monstruosité subit en fait le choix d’un homme. Johnny n’a eu ni père, ni mère pour pleurer son héritage. Il a connu des femmes aussi belles que dangereuses. Il était intenable et conscient de ses faiblesses. Laetitia a tour pris sur elle. Absolument tout. Il le lui rendait tant bien que mal… Il disait « je t’aime » à travers ses chansons, c’était un timide. Laura le sait. David aussi. Ce qu’il donnait de plus et de mieux, c’était son coeur, ses tripes et sa voix. Le reste avait peu d’importance. Son héritage matériel, ses voitures, ses motos, il s’en foutait. Il s’amusait avec, c’était accessoire. Sa vraie richesse, c’était son public, sa femme et ses enfants. Point.

Offrons-nous donc un témoignage de Laetitia. En 2009, Johnny frôlait à nouveau la mort…

« Lorsque nous nous sommes assis à table, j’ai vu que son visage avait changé complètement, il portait un masque de souffrance. Ce n’était plus lui. Je lui ai demandé si ça allait mais il ne pouvait plus répondre, il basculait vers ailleurs. J’ai pensé : « Il va partir, c’est fini. » J’ai appelé immédiatement Véronique qui s’occupe de SOS Médecins à Los Angeles et nous aidait déjà depuis plus de deux semaines à tenter de soulager la violence de ses peines. Au moment où elle a répondu, Johnny est tombé sur le sol. C’était plus qu’un évanouissement classique, une sorte d’abandon, de lâcher prise, le bruit qu’on doit faire sur le sol quand on tombe et qu’on meurt. […] J’ai pris Johnny par les bras et je l’ai tiré comme un poids mort jusqu’à la voiture. […] J’ai rabattu les sièges arrière et je l’ai allongé comme j’ai pu. J’ai démarré en trombe. […]

Johnny était dans une sorte de crise de démence avec l’alcool et les médicaments ingurgités à haute dose pour tenter de calmer sa douleur. […] Nous avons passé huit heures, enfermés dans cette salle à faire un bilan oral de sa santé alors qu’il s’enfonçait peu à peu vers la mort. Il divaguait. Ils l’avaient mis sous morphine mais ça ne suffisait pas. Il avait tellement fumé et bu ces derniers jours pour tenter de neutraliser sa douleur qu’il était dans un piteux état. Quand Johnny s’est mis à appeler son père, j’ai su qu’il regardait du mauvais côté de la route, j’ai pensé qu’il s’en allait. Johnny était dans un monde proche de la démence, il hurlait pour que son père vienne le chercher. « Papa, papa ! Je veux te voir ! » […] Quand on a plongé Johnny dans le coma, j’ai perdu le sommeil. Je ne l’ai jamais plus retrouvé. […]

Ça a été l’assaut autour de la clinique. Les journalistes d’abord qui faisaient leur travail avec plus ou moins d’élégance. Et puis les autres… […] Et puis les milliers de coups de fil, les larmes, les cris, les questions de personnes plus ou moins proches de Johnny. Ils n’ont pas compris que je me fichais de leurs états d’âme, je n’étais pas là pour rassurer les gens mais pour sauver mon mari. […] Les docteurs ont réalisé que la dure-mère avait été percée accidentellement lors de l’opération pratiquée par le Dr Delajoux. A cause de cela, l’infection se propageait dans les os. Quand ils l’ont ouvert, Johnny était comme un fruit qui avait commencé à pourrir, il fallait un traitement de choc pour assainir son corps. […]

Je racontais à Johnny ce que faisaient les filles, où nous irions après tout cela, la vie, des souvenirs heureux, et je le massais aussi. Je le gardais dans la vie, je lui faisais sentir que ma peau était proche de la sienne, qu’il restait mon homme, même intubé, même faible, même loin. Je lui faisais sentir des parfums, je lui racontais le temps qu’il faisait dehors, des blagues. Je priais aussi. […] Je pensais au réveil aussi, après des semaines d’intubation, sans prononcer un mot, dans quel état seraient ses cordes vocales. L’ORL de Bruce Springsteen est venu chaque jour vérifier que ce qu’il avait de plus précieux ne soit pas endommagé.

Comment imaginer Johnny se réveillant et ne pouvant plus chanter, je pense qu’il aurait préféré mourir. […] On a essayé de le sortir du coma une première fois, mais ça a été un fiasco. Enfin, après trois semaines, son état s’est stabilisé et les médecins ont jugé que c’était le moment. C’est étrange de voir l’homme de sa vie revenir au monde. On ne se réveille pas de trois semaines de coma comme ça. On doit réapprendre le jour de la nuit, le son de sa propre voix. Quand il a prononcé ses premiers mots, Johnny avait la voix d’un enfant. »

Laetitia Hallyday

Elle aurait pu le laisser mourir plus tôt. Elle a choisi de le sauver, de l’accompagner, de l’isoler des mauvaises langues et des profiteurs, de le rendre à la scène puis à l’éternité. Laetitia a accompli son devoir de femme. Elle accomplira désormais les désirs de son époux, aussi rock’n’roll et démesurés soient-ils. #FuckTheCancer

 

Maud PROTAT-KOFFLER

 

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