« J’ai tenté de survivre quand on me croyait mort… »
Sa patrie, c’était la scène. Sa famille, c’était la France. Fils de personne, ami de tous, il déchaînait les passions et faisait chavirer les foules. C’était un roc. Un immortel. Une légende imprégnée d’éternité. « Je m’appelle Jean-Philippe Smet, je suis né dans la rue ». La caricature du rockeur venu de loin, celui à qui on pardonne tout, « parce qu’il a su s’abandonner à ceux qui ont voulu l’aimer »… La figure d’un orphelin qui n’avait rien mais qui, puisant dans son histoire, s’est révélé à tous. « Ce désir fou de vivre une autre vie », « c’était son cri à lui ».
Le succès ne le rendait jamais fier. Sa gueule, il la devait à sa faim. Il en voulait toujours plus. Il n’en avait jamais assez. Combien de fois a-t-il failli mourir de fatigue, de folie ou d’excès… Il y a quelques années, face caméra, lorsqu’on lui rappelait ses déboires, il répondait : « J’étais con ». C’était son acte de contrition. Le 6 décembre dernier, la mort en a eu assez de perdre contre lui. Alors, définitivement, il a quitté la scène de cette interminable vie, « comme une étoile qui s’éteint dans la nuit ».
Rester Vivant
« Mourir, c’est continuer là-haut », disait-il simplement. Venant de lui, cette parole retentissait comme une évidence. Qui croit en lui, demeure en lui. C’est un peu christique, mais c’est vrai. Lorsqu’à 17 ans, son nom devient une référence, l’Histoire l’adoube pour toujours. Il devient ainsi le symbole de l’unité nationale. Lui, l’enfant sans repères qui se rêvait James Dean et Elvis Presley. Lui, l’interprète de sa propre vie, l’acteur de la nôtre… Lui, dont le nom et le visage étaient devenus si familiers.
« Je suis mort une fois, ça ne m’a pas plu, alors je suis revenu » ecrivait-il en 2013. C’était avant sa tournée Rester Vivant. Il était remonté sur scène pour faire un doigt d’honneur à la mort et une déclaration d’amour à sa vie : son public. C’était sa dernière tournée, avant Les Vieilles Canailles. En coulisses, il était déjà mort. Sur scène, il était éternel.
Maud PROTAT-KOFFLER
