La Fondation Louis Vuitton prête ses murs au MoMA. D’un bout à l’autre des galeries, 200 œuvres sur fond blanc retracent l’histoire du musée américain. Entre mythe et réalisme, le dépaysement est total.
Surréaliste, l’œuvre l’est autant que l’atmosphère. Tout semble à la fois orchestré et désordonné. Les peintures côtoient les photos, les sculptures se mêlent aux vidéos, la propagande répond au pop’art et Cézanne embrasse Picasso. « C’est vrai que ça surprend… », s’étonne un visiteur.
La spaciosité des galeries permet de prendre le recul nécessaire devant chaque œuvre. On ne se bouscule pas devant Andy Warhol. Les curieux s’éternisent, les enfants s’amusent et les savants dissertent. Traverser l’histoire prend du temps.
Au fil des pièces, l’art devient un outil de sensibilisation. La recherche du beau se dérobe au souci de nécessité. A défaut de surprendre, cette nouveauté déconcerte : « C’est vraiment de l’art, ça ? » Du rire aux critiques, de l’engouement au désarroi, un brouhaha s’installe progressivement. Consciemment, certains visiteurs traversent les dernières galeries au pas de course. Le modernisme aurait-il atteint ses limites ?
Des hommes et des œuvres
Au cœur de ce bazar artistique, Barnett Newman garde la ligne. Quasi inaperçu, du fait de sa simplicité, l’Ornement III défie l’irrégularité de l’ensemble des œuvres de sa galerie. Cette huile sur toile ne représente en fait qu’un simple trait vertical orangé sur fond brun. Exposé à toutes les interprétations philosophiques et psychologiques possibles, cet Ornement permet finalement au visiteur de reposer son regard linéairement. L’œuvre ne conclut pas l’exposition, elle s’en distingue.
Parmi les œuvres iconiques, on retrouve House by the Railroad d’Edward Hopper, Le Baigneur de Paul Cézanne ou encore Campbell’s Soup d’Andy Warhol. Un mélange unique et singulier.
Être moderne à travers l’œuvre passée, c’est sans doute le défi de cette exposition majeure. Comme si la modernité devait s’entretenir. La diversité des 200 œuvres sélectionnées s’inscrit donc dans un thème pensé et co-organisé par le Museum of Modern Art de New-York et la Fondation Louis Vuitton.
Depuis 1929, le MoMA est l’un des premiers musées à s’être consacré exclusivement aux arts de l’époque. L’exposition Être Moderne présente une large palette de ses œuvres, depuis les premiers grands mouvements de l’art moderne jusqu’aux œuvres numériques les plus récentes. De Walt Disney à Jackson Pollock, la collection s’offre à toutes les attentes.
Maud PROTAT-KOFFLER
Fondation Vuitton : 8, av. du Mahatma-Ganghi, bois de Boulogne (XVIe). Tél.: 01 40 69 96 00. Horaires : lundi, mercredi, jeudi, de 11h à 20h, vendredi, de 11h à 21h, samedi et dimanche, de 9h à 21h. Jusqu’au 5 mars 2018.
