Pause culturelle dans la campagne présidentielle. Emmanuel Macron a finalement eu le mérite de relancer l’un des sujets les plus exclus du débat politique : la culture française. Le candidat d’En Marche ! n’en a toutefois pas fait son point fort, ayant estimé que la culture française n’existait qu’au dépend des autres cultures, autrement dit : « Il n’y a pas de culture française. Il y a une culture en France. Elle est diverse. » Une déclaration lourdement contestée, et pour cause…

« Partout dans le monde on sait qu’il y a une culture française et on aime la France pour sa culture. Seul l’ancien secrétaire général adjoint de l’Elysée en meeting à Lyon semble l’ignorer »… Yves Jégo, ancien secrétaire d’Etat chargé de l’Outre-Mer et député de Seine-et-Marine, n’en revient pas. Dans une tribune du Figaro publiée le 7 février, il dénonce « une vision dangereuse et destructrice de ce qui fait depuis toujours la spécificité de notre pays ».
« Dire qu’il n’y a pas de culture française c’est ramener la France à une société sans personnalité consommatrice de produits culturels mondialisés. » Yves Jégo
Mais s’il est bien un candidat qui ne transige pas avec les racines historiques et culturelles françaises, c’est François Fillon. Selon lui, la culture constitue l’ultime rempart face à la barbarie. Elle construit l’identité de l’homme et permet la compréhension du monde en ce qu’il est et en ce qu’il advient. « Notre culture est d’abord dans notre langue », déclare t-il dans une interview attribuée à Valeurs Actuelles. Avec la maîtrise de la langue française et la connaissance de l’histoire, la culture constitue le pilier de notre identité, mais aussi de l’intégration des nouveaux arrivants.

En meeting à Strasbourg, le candidat LR dénonce « un étrange tabou » en France, « où l’on n’ose plus prononcer les mots nation, patrie, racines, culture ». Il s’interroge alors: « Par quelle faiblesse de l’esprit peut-on en arriver à dire “je ne connais pas d’art français”, et “il n’y a pas de culture française” ? Quel somnifère idéologique peut bien aveugler M. Macron lorsqu’il dit des choses pareilles ? »
François Fillon place désormais la culture parmi les points les plus importants de son programme dans un projet en 20 points. Le premier concerne évidemment les programmes d’enseignement, grâce auxquels il souhaite « réduire la fracture culturelle » en proposant notamment le développement de la culture artistique et la pratique musicale collective au sein de chaque établissement scolaire. Il rappelle que « trop de jeunes se détournent de la culture », notamment dans les milieux ruraux. « Les établissements culturels nationaux devront proposer des actions culturelles dans les territoires ruraux. L’Etat participera aussi à cet effort en mettant en place un plan « patrimoine pour tous » qui consacrera 2 milliards d’euros sur 5 ans à la restauration des monuments et objets d’art partout en France ».
Le rayonnement de l’exception culturelle
« Molière, Hugo, Debussy, Proust… » une vie ne suffirait à sonder la richesse de l’Oeuvre française. François Fillon s’en émeut lorsqu’il évoque la liste infinie de noms et d’ouvrages, un sel formant le socle historique et culturel d’une France millénaire. C’est en cela que le candidat LR puise son opposition au multiculturalisme : « Je ne dis pas que la culture française est supérieure aux autres, mais elle possède une spécificité forte, susceptible de rassembler les différences. »

S’il est élu, François Fillon s’engage à favoriser le mécénat, regrettant que « trop de distorsions entre public et privé l’empêchent encore de trouver toute sa place ». Mais il compte aussi créer à Strasbourg, de concert avec la chancelière Angela Merkel, « un musée franco-allemand pour rappeler que la Renaissance, la Réforme, l’humanisme, les Lumières, sont nés de convergences d’esprits et d’artistes européens ».
François Fillon entend également profiter de l’évolution technologique et numérique afin de moderniser le rapport à la culture, notamment dans les musées. Selon les propos recueillis par Electron Libre, le candidat LR renouvelle sa volonté de poursuivre et d’accentuer « la numérisation de notre patrimoine littéraire, cinématographique et musical pour en faciliter la diffusion sur les grandes plateformes, mais aussi pour en améliorer l’utilisation par nos élèves ». Le numérique, précise-t-il, est fondamental pour renforcer l’éducation artistique et culturelle des jeunes.
Préservation du patrimoine, utilisation des moyens numériques, développement de la culture, accessibilité pour les jeunes… Dans la continuité de son mot d’ordre « liberté », François Fillon compte bien révolutionner la culture française sur le territoire national et international afin que brille toujours l’exception culturelle française.
Maud KOFFLER
