Derrière les murs de l’abbaye bénédictine de Saint-Wandrille (Seine-Maritime), fondée en 649 et classée monument historique, un savoir-faire que l’on croyait à jamais disparu en France reprend vie : la production de bière monastique, la seule à ce jour produite en France par des moines au sein de leur monastère.
Devant la nécessité de trouver de nouvelles sources de revenus, les moines de Saint-Wandrille cherchaient une nouvelle activité en harmonie avec leur vie de prière, « ils seront vraiment moines s’ils vivent du travail de leurs mains » (Règle de saint Benoît, ch. 48). La communauté choisit alors de se lancer dans la production de bière monastique de qualité, une initiative saluée dans le monde de la bière artisanale.

« Les retours sont bons. Pour moi c’est un grand événement, un des plus importants que j’ai connus dans ma carrière entamée en 1973 » confie à l’AFP le biérologue de renom Hervé Marziou, 69 ans, qui a conseillé les moines normands.
Le Père Abbé nomme alors deux frères pour se former auprès de maîtres brasseurs français. La production est mise en vente en décembre 2016 et déjà, les stocks s’écoulent généreusement.
Une blonde à l’abbaye
Amère, mais pas trop. Couleur caramel, entre blonde et ambrée. La bière de Saint-Wandrille a du caractère et sait se différencier des autres. Sa composition s’enrichit de quatre houblons de variété anglaise, mais cultivés en France. « Deux houblons amérisants et deux arômatiques » précise Frère Matthieu.

« Ils se sont démarqués des bières belges aux notes sucrées mais avec moins d’amertume que les bières typiques du nord de la France », explique Thierry Cauet, formateur au lycée agricole Biotech’ de Douai.
La bière de Saint-Wandrille se vend par bouteilles de 50 cL au prix de 4,50 euros pièce, en boutique et en ligne. Les revenus serviront à financer de nombreux travaux au sein de l’abbaye : la reconstruction d’une aile, l’agrandissement de l’hôtellerie qui accueille de plus en plus de retraitants et la restauration du cloître.
Maud PROTAT-KOFFLER
