Olivier WEBER : « Ce qui m’intéresse, ce n’est pas la guerre… ce sont ceux qui vivent derrière. »

« Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus que de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie » Albert Londres.

C’est un homme en quête d’aventure, et plus encore de vérité. Olivier WEBER nous livre le récit de deux mois d’investigation au cœur des conflits du Moyen-Orient dans un ouvrage publié aux éditions Paulsen, Frontières. « Ce n’est pas un livre de géopolitique » précise-t-il.
En effet, l’auteur ne s’identifie pas entant qu’analyste, pas plus qu’en reporter de guerre, mais en romancier : « Je ne sais pas quelle est la part de vérité entre le reportage et l’écrit littéraire ; pour moi, le roman en dit davantage sur le conflit que le reportage ». Romancer pour mieux partager. C’est ce qu’Olivier WEBER met en œuvre à travers un récit à la fois réel et démesuré.

« Frontières » de Olivier WEBER
Journaliste, clandestin, taliban… il s’immerge corps et âme dans un contexte qu’on ne pouvait alors que prétendre. Le jeune berger originaire du Mercantour découvre alors les trafics de drogue aux frontières afghanes, une douane corrompue par les talibans ; il rencontre le commandant Massoud avec qui il se lie d’amitié et échappe aux menaces de mort à plusieurs reprises… « C’est un voyage qui se sur-prépare, mais une fois sur place, on vit l’instant T sans savoir ce qui arrive après » confie-t-il.

« Je ne cherche pas le danger »

Dès son enfance, Olivier WEBER en rêve, de ces frontières. « Je me sentais dans une enclave parce que je n’avais pas d’argent (…) je me suis donc mis à lire énormément ». Il se fascine pour Rimbaud, Goethe, Kessel, et entreprend un voyage littéraire dont il s’inspire encore aujourd’hui dans ses récits. Bien qu’engagé sur de nombreux conflits, il refuse de se considérer en reporter de guerre, « ce serait légitimiser la guerre, et c’est une erreur ».
Plus encore, il revient sur les dangers de ses missions : « Je ne cherche pas le danger. Je vais au-devant du danger et je l’affronte (…). Je n’ai qu’une peur, celle de ne plus avoir peur ». Il évoque enfin les syndromes post-traumatiques : « Les journalistes en sont aussi victimes. On voit des enfants tués, déchiquetés… Qu’est-ce qu’on doit faire de ça après avoir achevé un reportage ? Que doit-on faire de ce qu’on a vu ? ».
Si aucune thérapie n’est prévue pour les journalistes, Olivier WEBER n’a pas l’intention de fermer les yeux sur ce qu’il a vu, il l’écrit. Nous nous séparons enfin sur les paroles d’un vieux prêtre indien qu’il garde précieusement en sa mémoire : « Dieu a mis en chacun d’entre nous une étincelle ». Olivier WEBER conclut : « Allez au bout de vos rêves, de vos passions. Croyez en vous, serrez les dents, ça en vaut la peine. C’est un métier fabuleux ».
Maud PROTAT-KOFFLER

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